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Seul le monde libre peut résister à Microsoft

par Tom Hull

 [Image d'un Gnu philosophe]


  1. Le coût de reproduction et de distribution des logiciels est proche de zéro. Ce qui signifie, qu'en théorie, il n'est pas plus coûteux de produire des logiciels qui peuvent être librement distribués et utilisés par n'importe qui que de produire des logiciels pour une clientèle limitée.
     
  2. Le prix du logiciel n'a aucun rapport avec le coût de son développement. Les deux facteurs qui comptent vraiment sont la taille du marché (qui est limité par le prix et l'utilité du logiciel) et la compétition. Pour un marché d'un logiciel donné, la marge maximum peut être obtenue en excluant ou en éliminant la compétition.
     
  3. Les éditeurs de logiciels qui sont capables de contrecarrer la compétition atteignent des sommets de pouvoir qui sont inconcevables dans les autres industries. C'est dû en partie à l'énorme chiffre d'affaires qui est possible en l'absence de concurrents de produits dont le coût de reproduction est nul, mais aussi c'est largement dû à la complexité du logiciel lui-même, qui permet à des entreprises dominantes de créer des « standards » qui excluent la compétition future.
     
  4. Pour le logiciel, tous les marchés de niche évoluent rapidement vers un monopole ou un équilibre mutuel où un petit nombre d'acteurs se mettent d'accord tacitement afin de ne pas détruire leurs profits respectifs (les entreprises établies peuvent défendre leurs parts de marché en réduisant leurs prix à pratiquement rien, rendant la compétition sur le prix suicidaire pour les nouveaux arrivants). Cependant, il y a des cas de compétition asymétrique, où un grand nombre d'entreprises avec d'autres sources de revenus peuvent détruire une plus petite entreprise qui dépend d'une seule source de revenus.
     
  5. Microsoft a une source de revenus solide basée sur sa position dominante dans le marché des systèmes d'exploitation pour ordinateurs personnels, et utilise le pouvoir inhérent à cette position pour favoriser ses autres activités marchandes, grâce à sa possibilité de dicter des « standards » et de saper la compétition, spécialement quand le pouvoir (et non pas l'argent seul) est en jeu.
     
  6. Les capitalistes investissent dans les nouvelles entreprises de logiciel avec l'espoir de gagner une position dominante dans un nouveau marché de niche. Il n'y a essentiellement pas de nouveaux investissements dans un marché de niche existant, car il est impossible d'entrer en compétition avec un acteur dominant établi sur la base de coûts plus bas. De plus, les gains potentiels d'une bataille difficile pour une petite part d'un gâteau qui s'amenuise justifient rarement les risques. Dans leurs rêves les plus fous, ces capitalistes ne veulent rien plus que devenir exactement comme Microsoft.
     
  7. La campagne pour placer Microsoft sous le coup de la loi antitrust semble majoritairement être l'effort d'entreprises qui trouvent leur propre pouvoir menacé par les activités de Microsoft. Ils cherchent à rendre plus difficile la sape de leur propre activité par Microsoft, mais cependant, ils sont fondamentalement identiques à Microsoft car ils ne remettent pas en question un monde où les entreprises de technologie travaillant à partir de capitalisation de propriété intellectuelle sont capables de contrôler l'utilisation de cette technologie pour leur propre profit maximal.
     
  8. Dans l'équation du marché, la demande est égale à la production et de beaucoup de façons, son maître. Encore que dans le monde dans lequel nous vivons, la production est très organisée, efficace et commande à d'énormes ressources financières et des pouvoirs séduisants de persuasion, alors que la demande est fragmentée, mal informée et passive. Même si les consommateurs peuvent toujours tuer un produit pour lequel ils n'ont pas de désir, ils sont presque passifs pour diriger ou même influencer la conception détaillée de ces produits.
    Pour les produits logiciels, les consommateurs peuvent seulement choisir parmi un ensemble donné d'alternatives, qui sont extrêmement complexes, désespérément impénétrables et généralement conçues plus pour les desseins anticompétitifs de l'entreprise que pour les besoins de l'utilisateur (même l'option démodée de faire sans est souvent impossible en raison de l'inextricable entrelacement d'interdépendances au fur et à mesure que la marche forcée de nouveaux matériels et logiciels nous entraîne inexorablement vers le futur.
     
  9. Le seul vrai « logiciel qui tue » est le logiciel libre : le logiciel libre de revendication de propriété intellectuelle, qui est publié sous forme de code source, qui peut être inspecté, évalué, corrigé et amélioré par tout le monde ayant l'envie de le faire, qui est distribué librement et qui peut être installé sur autant de machines que désiré et utilisé sans limites. Le logiciel libre est le logiciel qui tue l'industrie des produits fermés et scélérats. Ce sont des logiciels que les utilisateurs peuvent sélectionner intelligemment pour remplir les besoins d'aujourd'hui et qui peuvent être conçus de manière collective pour répondre à des besoins futurs. Le logiciel libre est la seule chose avec qui même Microsoft ne peut pas rivaliser.
     
  10. Cependant, il y a un problème fondamental : qui paye pour développer des logiciels libres ? La réponse habituelle, qui mène à tous les problèmes décrits ci-dessus, est que des investisseurs payent pour le développement, qu'ils récupèrent pour leur profit. La seule réelle réponse est que les coûts de développement doivent être payés par les utilisateurs eux-mêmes. Le point crucial est ici que ce pourquoi on paye, n'est pas la distribution ou l'utilisation du logiciel, mais son développement. Et ce développement de logiciel libre implique que tout le monde puisse l'utiliser. Je pense qu'il y a une manière simple de le gérer : tous ceux qui veulent voir un logiciel développé ou amélioré postent une « requête de projet » incluant une somme pour contribuer à son développement. Des organisations intermédiaires peuvent mettre en commun ces requêtes et des parties intéressées peuvent placer la barre plus haut.Les développeurs peuvent alors effectuer des recherches à travers les demandes et effectuer des enchères sur le travail de développement ou travailler sur les spécifications. Les développeurs peuvent aussi poster leurs propres propositions que les utilisateurs peuvent alors acheter.
     
  11. Le logiciel libre peut être développé pour moins cher que les produits logiciels fermés. Même pour des professionnels du développement bien payées, entièrement financés par des utilisateurs consciencieux, le coût du logiciel libre serait significativement inférieur que les primes aujourd'hui payés à la construction d'un empire. La qualité serait meilleure, tout spécialement en termes d'adéquation d'utilisation. La libre distribution assurerait une couverture et un choix maximum : un marché libre basé purement sur l'utilité et la qualité. La composante du service sur les logiciels s'ouvrirait aussi : tous ceux qui le voudraient pourraient commencer à partir du même code à apprendre, offrir du support et enseigner. Les meilleurs fournisseurs de service auraient du succès.
     
  12. Des étapes simples peuvent mettre ce mouvement en route : formons une organisation initiale pour classer les problèmes techniques, suggérer des arrangements de travail, étudier l'économie, esquisser un cadre légal, faire germer et coordonner les requêtes et chercher des contributions initiales (en incluant le corps énorme de logiciels libres déjà disponibles), effectuer un peu de travail d'évangélisation. Demander à de grosses entreprises et à des organisations de budgétiser une petite fraction de leurs dépenses de logiciels pour des propositions. Mettre en place un groupe d'étude de problèmes sur la propriété intellectuelle, contester les revendications douteuses et enquêter sur la faisabilité de l'achat et de la libération de droits pour valider des revendications. Encourager le développement d'organisations plus locales, locales géographiquement, à une industrie, une niche, un goût, avec le groupe initial se séparant ou s'affaiblissant : des méthodes et des procédures communes, mais pas de contrôle centralisé.
     
  13. Appelons cette organisation, le cadre entier, « Le Monde Libre ». Cela signifie une connaissance libre et ouverte, un développement libre et ouvert, des logiciels qui travaillent pour vous. Faites une pause. Contribuez. Vous n'avez rien à perdre à part Ctrl-Alt-Del.
     

Copyright 1997 Tom Hull. Vous pouvez effectuer un lien vers ce document et/ou le redistribuer de manière électronique.

La dernière version de ce document est disponible à : http://www.gnu.org/philosophy/free-world.fr.html

Des notes supplémentaires peuvent être trouvées à : http://www.gnu.org/philosophy/free-world-notes.html

Adresse électronique : ftwalk @ contex.com.


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